J'avais écrit des éléments de réponse à cette question dans Histoire d'O (n°84, de mémoire, dans un article intitulé "Méditations d'un poseur de voie débutant") où j'examinais les conditions de passage des essieux et les dimensions critiques des aiguilles (cœurs, ornières et contre-rails).
Pour les normes, oublier tout de suite la NEM, loufoque et dépassée (à moins qu'ils l'aient modifiée depuis). Il y a chez nous une sorte de "norme" dite FS correspondant aux essieux KZ et à la FS anglaise...
Pour l'esthétique, la largeur des ornières est fondamentale (sans doute plus que le code de voie... voir les exemples photographiques ci-dessus) et comme elle est très excessive (sauf en proto...) il convient de la réduire au maximum compatible avec le matériel roulant - ou modifier celui-ci.
L'autre dimension critique est la "cote de protection" définissant la position du contre-rail par rapport au cœur (et pas par rapport au rail voisin), je m'étonne un peu de ne pas la voir évoquée...
A cette époque, on n'avait pas grand chose, surtout les articles de Gérard Huet dans les "Cahiers du modélisme" (qui, je crois, sont de nouveau accessibles), avec gabarit pour un branchement tg 0,13, et un article dans les numéros 79 et 80 (je crois, à quelques unités près, de toute façon) de Voies Ferrées sur la géométrie des appareils de voie, suffisants pour en envisager la conception...
Puis sont venus les indispensables de Bernard Fieyre dans Histoire d' O...
Pour le reste, du rail Marcway code 125 (eh! oui, déjà), des traverses André Faure, sabotées, en hêtre (bien trop dur !), quelques pièces KZ (coussinets-glissières), puis Proto 43,5 (supports de contre-rails...), plus tard encore 2 cœurs moulés (Jarry je crois), un en service. Et deux aiguilles Marcway rayon 2,7 m pour les coulisses (je confirme qu'il leur faut une semelle pour pouvoir les raccorder aux rails voisins).
Avec ça j'ai construit 5 branchements (deux tg 0,13, deux avec la géométrie proposée par KZ (par manque de place), un enroulé, rayons 4 m et 2,7 m) et une TJD). Un sixième branchement, tg 0,13 de nouveau, est en construction.

- Centre de la TJD, désolé pour la crasse...
La construction de cœurs assemblés ne pose pas de gros problèmes, ce ne sont que des bouts de rail un peu usinés et soudés à une plaque de laiton... mais la géométrie doit être rigoureuse (1/10 mm), ce qui s'obtient avec des gabarits. Le plus gros problème, à mon avis, vient des aiguilles, trop souples quand on les usine dans du profilé de rail, en particulier pour l'aiguille enroulée où elles sont très longues. Je les ai rigidifiées tant bien que mal, mais il faudrait du profilé spécial, comme en réalité. Idem d'ailleurs pour le rail qui en réalité est incliné au 1/20, les bois d'appareils (on dit, paraît-il, des bois, pas des traverses...) n'étant pas sabotés...
Le reste de la voie, c'est traverse par traverse (entaillées une à une au cutter sur les arêtes), tirefond par tirefond. Je ne pose pas le résultat en exemple, ballast (GPP) trop gros, pas entièrement posé, pas encore patiné,le réseau est toujours le parent pauvre, visité de temps en temps... je n'ose rien montrer, il y a un petit échantillon dans le fil sur la table d'enclenchement. Mais ça roule !
Sur ce qui est dit plus haut :
- franciser des appareils Markway me semble chimérique, ça doit prendre autant de temps que de construire un appareil de toutes pièces - ce qui n'est pas si long qu'on croit - pour un résultat moins satisfaisant, visuellement et intellectuellement.
- le choix entre rail DC ou Vignole devrait être vite fait ! Ça dépend de la localisation de votre réseau ! Je me rappelle, dans VF, une superbe évocation en O d'une gare des Cévennes (Villefort, je crois...). Oui, mais avec de la voie DC (Peco je présume) !!! Aïe !!!
Aucune des voies DC anglaises n'est satisfaisante en gros plan. Bernard Fieyre avait fait mouler quelques coussinets pour obtenir quelques décimètres de vraie voie P.O.( H d'O 112, le dernier). Peut-être qu'avec l'impression 3D et des achats groupés ?
Quant à construire des appareils DC, hum, il faudrait faire mouler une multitude de pièces ad hoc... Heureusement, en zone DC, ces appareils étaient progressivement remplacés par des appareils Vignole.
- personnellement, le coût des appareils en kit (je ne parle même pas du tout monté), même s'il est justifié, me semble exorbitant pour le service rendu. Entre un kit de vapeur (même amélioré) et sa construction intégrale, il y a plus qu'une nuance, c'est différent pour un appareil de voie. Le plus important est d'avoir les fonderies des petites pièces : coussinets glissières, supports de contre-rails, mandolines, levier d'aiguille..., puis cœur (si on en trouve...). Usiner les bois, ce n'est pas une grosse affaire, limer les aiguilles est un peu casse-pieds... Mon rêve serait un profilé spécial dans lequel on pourrait usiner les aiguilles.
Un gabarit imprimé au "sol" (il pourra rester après pose, sous le ballast) et allez-y, comme hmc qui nous montre la voie (ok, elle est facile et vaseuse...).
Tout ce dont je parle a maintenant quinze à vingt ans, à la louche. Avec les nouvelles techniques apparues depuis, ça devrait être encore plus facile.
Mais la voie (et surtout les appareils) toute faite, pas trop chère etc... je ne pense pas qu'il faille trop y compter : pas assez de demande...